Je crache donc je suis...

Tout le monde l'aura remarqué: le crachat, apanage de nos papis chiqueurs de tabacs, est devenue une manie dégoutante, de plus en plus répandue, chez les adolescents.

Sources de contagion des microbes, virus et bactéries, il est puni par la loi, dans le cadre des règles sanitaires (amende de 3e classe, pouvant aller jusqu'à 450 euros, en vertu de l'article 7 du décret 2003-462 du 21 mai 2003) et il est à noter que le non respect croissant de l'interdiction de cracher, engendre aujourd'hui une recrudescence de la tuberculose, dont le crachat est un des vecteurs.







La chose n'est pourtant pas nouvelle: l’hyper salivation est un des signes physiques de la puberté, surtout chez les garçons, puisqu'elle accompagne la mue de leur voix.



C'est pourquoi, le crachat est un rituel de passage, un signe de supériorité virile, lié à la construction sexuelle de l'adolescent.
Cracher devient alors un acte de rejet de la parole (exercée par une voix non maîtrisée, qui trahit la fragilité de l'adolescent), au profit d'une expression sexualisée, non verbale, transgressive de la règle.




Le crachat est une atteinte aux bonnes manières, au respect de l'intimité, comme, dans une moindre mesure, l'éjaculation en public, dont il est un substitut symbolique.

Rien ne sert donc de faire du crachat un tabou: il en devient d'autant plus stigmatisant et provocateur.

Parler du crachat avec les adolescents, c'est leur faire comprendre qu'il est naturel, à la fois physiquement et psychiquement, d'avoir envie de cracher, et expliquer en quoi cela est gênant.



Cracher? Oui, mais dans le respect de soi-même et des autres, discrètement, un peu isolé, ou mieux, dans son mouchoir ou aux toilettes...
On n'est pas des mouettes, qui lâchent leur guano en vol!






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Face au mépris d'un crachat, ne pas avoir honte et redonner place à la parole, permet de désamorcer cette forme de provocation par le dialogue, car n'oublions pas qu'il est une marque de rejet, et qu'en tant que tel, mérite une attention particulière.
(Et là, les filles ne sont pas en reste...)










Pour en savoir plus, vous pouvez consulter ce lien qui vous propose un résumé de: "Le crachat adolescent", par Pascal Le Maléfan (in: La lettre de l'enfance et de l'adolescence 1/2011 (n° 83-84) , p. 61-6.).